Femmes En Tête 2024 – Christelle Germain

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Femmes En Tête 2024 – Christelle Germain

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2024 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant ?

Je suis arrivée au CNRS un peu par hasard, par une connaissance. J’avais fait des études de tourisme, par goût pour les voyages et découvertes, ainsi que les langues étrangères et une envie d’évasion. J’ai aussi toujours été intéressée par la langue française, la lecture, depuis mon plus jeune âge. J’ai travaillé dix années à bibliothèque de sociologie du CNRS, où j’ai découvert le métier de bibliothécaire et où l’on m’a permis, après une formation en bibliothéconomie, de faire évoluer mon profil. C’est là que j’ai découvert la sociologie et les sociologues. Cette période m’a familiarisée aux publications de ce domaine, à ses grandes autrices et auteurs, tant en ce qui concerne les livres que les revues. En 1996, j’ai été cooptée à la RFS pour laquelle travaillait une ancienne collègue et amie, et j’ai donc rejoint la Revue en tant qu’assistante d’édition. J’y ai surtout découvert le métier sur le tas, mais je suis également passée par une formation au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes. Depuis presque trente ans maintenant, j’ai évolué dans mon métier d’éditrice de la Revue, que j’exerce seule depuis 2015.

Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ?

J’ai le privilège de travailler pour l’une des revues généralistes majeures de sociologie de langue française, la Revue française de sociologie. Celle-ci a été fondée en 1960 par Jean Stoetzel, qui est à l’origine, en France, des méthodes de sondage d’opinion et a créé l’Institut français d’opinion publique (IFOP). Ce rôle d’éditrice est central dans le fonctionnement d’une telle revue puisque, en plus du travail sur la préparation des textes pour leur publication, il vient en support des différents comités, le comité de rédaction et le comité de lecture, dont je dois coordonner le travail avec diplomatie. J’assure également la gestion quotidienne des rapports avec notre éditeur, les Presses de Sciences Po, et ses différents prestataires. J’interagis quotidiennement avec les autrices et auteurs, depuis la soumission de leur texte, jusqu’à son refus ou sa publication. J’ai participé récemment à l’élaboration du nouveau site internet de la revue, dont j’assure la mise à jour, et, depuis 2021, j’alimente régulièrement notre compte Twitter. Cette fonction, très diversifiée, est centrale dans une revue, et nécessite une excellente connaissance du milieu professionnel de la sociologie en France et à l’étranger, ainsi qu’une grande organisation, beaucoup de polyvalence et de disponibilité.

Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

En 2020, nous avons transformé en profondeur le modèle de fonctionnement de la revue, notamment à l’occasion de la mise en place d’une plateforme éditoriale dédiée, Manuscript Manager, avec laquelle je gère le flot de soumissions. J’ai eu l’opportunité de participer à son adaptation à la revue, à sa mise en place, et à la formation des différents membres en fonction de leurs rôles. J’aimerais évoquer une autre fierté. En 2022, grâce à ma connaissance approfondie de la revue, j’ai eu la chance de participer, avec la direction, à la sélection des archives pour la publication du numéro anniversaire de la revue, qui a marqué les soixante ans d’existence de notre prestigieuse publication.

Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Mon prochain gros challenge concerne le changement de modèles éditorial et économique de la revue, qui, pour se conformer à la politique de science ouverte du CNRS, devrait revoir sa barrière mobile et publier ses articles en libre accès. Si la question se pose d’ores et déjà, des autrices et auteurs souhaitant publier sous licence de type CC-BY, il nous est nécessaire de « repenser » le mode de fonctionnement de la revue. Je suis très impliquée dans cette réflexion car j’ai la volonté de rester à la pointe des évolutions de mon domaine et de garantir la pérennité de notre revue et son maintien en tant que référence incontournable en sciences humaines et sociales en France.

Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés (personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

À titre personnel, non, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières liées au fait d’être une femme tout au long de ma carrière. Peut-être est-ce en partie dû à mon domaine, l’édition scientifique, très féminisé. Je suis consciente que ce n’est probablement pas le cas de toutes mes collègues, malheureusement.

Quelle est la situation au plan de l’égalité Femmes-Hommes dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

Mon institution, le CNRS, se préoccupe depuis une vingtaine d’années de cette problématique. Il a mis en place une mission pour la place des femmes chargée d’évaluer la prise en compte du genre dans sa politique. Mais, au quotidien, les problèmes font plutôt l’objet de discussions et tentatives de résolution entre collègues. En outre, nous avons la chance, sur notre site, d’avoir des équipes de recherche particulièrement sensibles à ces problématiques car travaillant sur le genre, les inégalités femmes-hommes, les discriminations.

Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ?

Ce métier, passionnant, est en pleine mutation, l’on doit en permanence s’adapter aux évolutions techniques et aux différentes normes des publications sur lesquelles on travaille, aux injonctions institutionnelles, aux nouvelles pratiques de diffusion liées à la science ouverte. C’est un travail collectif, mais que l’on réalise aussi en grande partie de manière solitaire, et qui nécessite un important engagement au quotidien. J’encouragerai bien sûr les personnes intéressées à rejoindre cette belle aventure.

 

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