Femmes En Tête 2025 – Julie Cardaud

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Femmes En Tête 2025 – Julie Cardaud

Maîtresse de Conférences – Université Paris-Saclay en neuroéthologie – EGCE Lab

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2025 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

  • Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant (parent, enseignant.e, personnage de la littérature, du cinéma…) ?

J’ai toujours été passionnée par la nature et les animaux. Mon choix de me spécialiser en neurosciences a été en grande partie inspiré par une fascination pour le cerveau, que ma mère m’a transmise dès mon plus jeune âge. Elle me répétait souvent que le cerveau est un organe d’une complexité fascinante, capable de « tout contrôler », notamment en générant des comportements incroyablement sophistiqués. Cette idée a nourri ma curiosité dès mon plus jeune âge et m’a conduite à m’intéresser à la manière dont les cerveaux des animaux, comme par exemple celui des abeilles, orchestrent des comportements collectifs et individuels complexes.

  • Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ? Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

Je suis spécialisée en neuroéthologie, c’est-à-dire que je travaille sur les bases neuronales des comportements, chez un modèle original : l’abeille. Il est fascinant de comprendre la manière dont des cerveaux relativement simples, comme celui des abeilles, peuvent accomplir des tâches aussi élaborées, telles que la navigation, la communication et la prise de décision collective. Je ne suis encore qu’au début de ma carrière, mais je dirais que ma plus grande réussite est d’arriver à fédérer les membres de notre équipe autour de nos thématiques de recherche.

  • Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Grâce au projet européen ERC Starting Grant que je viens d’obtenir, les 5 prochaines années seront principalement consacrées à l’étude de l’influence de l’olfaction sur la division du travail chez l’abeille. Je travaillerai également sur la perception et le traitement des phéromones sociales dans le cerveau de l’abeille.

  • Dans quelles actions à caractère sociétal êtes-vous impliquée ? (diffusion des connaissances, mentorat, développement des relations science-société, promotion des femmes dans les sciences)

Je participe tous les ans à la fête de la science, et à différents évènements de vulgarisation comme certaines émissions de radio. Je réalise régulièrement des interventions auprès des scolaires, de l’élémentaire au lycée, ce qui permet de leur faire découvrir le monde fascinant de la recherche. Par ailleurs, j’encadre

régulièrement de nombreux étudiants, le mentorat faisant partie intégrante de notre métier.

  • Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés

(personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

Être une femme dans le domaine scientifique présente à la fois des avantages et des défis. L’une des principales difficultés, selon moi, réside dans la conciliation entre la vie professionnelle et personnelle, notamment lorsqu’il s’agit de fonder une famille. En effet, les exigences de mobilité géographique et notamment d’expérience internationale, souvent nécessaires pour accéder à un poste en France, peuvent être difficilement compatibles avec les contraintes liées à la maternité. Cela reste un véritable défi pour les jeunes femmes qui aspirent à évoluer dans ce domaine.

Cependant, être une femme en science offre également certaines opportunités, notamment en termes de responsabilités. La société étant en pleine évolution et devenant de plus en plus paritaire, des portes s’ouvrent davantage pour les femmes, permettant d’occuper des postes à responsabilités et de prendre part à des projets ambitieux. Cette dynamique de changement est favorable pour une plus grande égalité des chances et un développement professionnel enrichissant.

  • Quelle est la situation au plan de l’égalité F-H dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

Je dirais que le monde de la recherche reflète bien la société actuelle. De nombreux postes à responsabilités sont encore occupés par des hommes, et l’évolution des femmes reste limitée, notamment par l’autocensure. J’espère que nous verrons dans les années à venir une féminisation des postes de responsables ou de direction, et que les femmes auront davantage de modèles inspirants pour oser prendre ces postes. Pour améliorer la situation, il est essentiel de mettre en place des politiques de soutien à la progression des carrières féminines, notamment en réduisant les biais de recrutement et en encourageant la confiance en soi chez les jeunes filles et femmes dans le milieu scientifique.

  • Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ?

Les métiers de la recherche sont des métiers de passion, qui permettent de vivre au quotidien l’excitation de découvrir tout en apprenant. Mesdemoiselles, vivez votre passion, donnez-vous la peine et n’ayez pas peur de poursuivre vos rêves, même si le chemin est parfois difficile. La persévérance et la détermination sont des clés pour réussir dans ce domaine fascinant.

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