Femmes En Tête 2025 – Sylvie Alayrangues

Le portail des sociétés savantes académiques en France

Femmes En Tête 2025 – Sylvie Alayrangues

Enseignante-chercheuse en informatique

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2025 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

  • Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant (parent, enseignant·e, personnage de la littérature, du cinéma…) ?

Plus qu’un modèle inspirant, j’ai eu la chance de naître dans une famille où le fait d’être une fille n’était en rien corrélé avec les appétences que je pouvais développer. Et de fil en aiguille, de découvertes en rencontres… Une (rapide) initiation à un aspect de l’informatique en primaire, un ordinateur à la maison et l’option informatique de la seconde à la terminale. Arrivée à l’orée des études supérieures mon cœur balança entre  voie scientifique et voie littéraire. Le choix de sciences et plus particulièrement de l’informatique s’imposa finalement avec une double motivation : le plaisir intellectuel de modéliser et résoudre des problèmes (ou plutôt de les faire résoudre à une machine), mais aussi celui de découvrir 1000 questions dans autant de domaines différents (pas seulement scientifiques) auxquelles l’informatique peut aider à apporter des réponses.

  • Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ? Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

Je travaille dans le domaine de l’image numérique, et plus précisément sur les modèles combinatoires utilisés pour structurer le contenu des images et les informations que l’on peut en extraire (nombre d’objets,  de tunnels, de cavités etc.). Les images sont omniprésentes dans notre société, qu’elles soient captées (via différents dispositifs  d’acquisition) ou construites (génération ou synthèse d’images). Les enjeux sont variés qu’ils soient liés à la compréhension des données capturées ou à la recherche d’une certaine fidélité dans les données modélisées. Dans ce contexte, j’ai notamment montré l’équivalence de deux modèles définis de manières différentes dans deux communautés de recherche indépendantes (analyse d’images et modélisation géométrique à base topologique).

  • Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Divers engagements ces dernières années m’ont poussée à m’intéresser à l’enseignement de l’informatique comme objet de recherche.  Des travaux démarrent à l’interface entre l’informatique et les sciences de l’éducation.

  • Dans quelles actions à caractère sociétal êtes-vous impliquée ? (diffusion des connaissances, mentorat, développement des relations science-société, promotion des femmes dans les sciences)

Investie depuis de nombreuses années dans la société informatique de France, j’œuvre également au sein de la fondation Blaise Pascal qui vise à accompagner le développement d’actions de médiation scientifique en mathématiques et informatique sur le territoire notamment vers les publics éloignés des sciences.

  • Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés (personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

Contrairement à d’autres collègues, j’ai été assez peu confrontée à des comportements ou réflexions problématiques et j’ai toujours eu la chance de pouvoir considérer que c’était le problème des personnes qui présentaient ce type de comportement et non le mien.

  • Quelle est la situation au plan de l’égalité F-H dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

Si les femmes sont encore trop peu nombreuses en informatique, ce n’est pas tant qu’elles désertent l’informatique en cours de carrière mais qu’elles ne s’y engagent pas. Il me semble qu’il y a essentiellement deux problèmes presque indépendants. L’un est d’ordre sociétal avec un enfermement des hommes et des femmes dans des stéréotypes de genre dès la plus tendre enfance.  L’autre vient d’une image déformée de notre discipline qui fait fuir de nombreux jeunes (filles et garçons). Plutôt que de peindre l’informatique en rose et faire le jeu des stéréotypes, il vaut mieux en montrer des images plus conformes à la réalité qui rendent justice à la diversité de la science informatique elle-même mais aussi des métiers qu’elle irrigue.

Malgré l’existence de nombreuses initiatives pour résoudre ou du moins atténuer ces deux problèmes, la situation ne s’améliore guère : à mon avis, la seule solution efficace consisterait à passer par des mesures politiques nationales structurantes, seules à même de changer durablement la société, notamment en faisant évoluer le système éducatif pour le rendre à la fois plus inclusif et plus équilibré quant à la place relative des sciences et des « humanités ».

  • Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ?

Je ne crois pas qu’il faille chercher à avoir un parcours « comme » celui de quelqu’un d’autre, mais juste à imaginer et construire le sien. En quelques mots : oser, essayer, échouer, persévérer, savoir renoncer, se passionner, s’adapter, rebondir, saisir des occasions, sortir de sa zone de confort, rencontrer… bref, rêver les yeux grands ouverts et avancer.

LinkedIn
LinkedIn
Share