Femmes En Tête 2024 – Céline Pagis

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Femmes En Tête 2024 – Céline Pagis

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2024 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant ?

Attirée par les sciences depuis toute petite, je pense que mes parents m’ont transmis leur curiosité et leur enthousiasme qui me servent au quotidien dans mon métier.

Après une école d’ingénieur généraliste, je me suis dirigée assez naturellement vers une carrière de recherche scientifique en chimie. L’aspect appliqué du métier me plait beaucoup : les chercheurs s’efforcent à proposer des solutions à chaque problématique rencontrée. De nos jours, le monde fait face à de nouveaux enjeux sociétaux tel que le développement durable, une meilleure utilisation des ressources terrestres, la limitation du réchauffement climatique, et j’en passe. Nombreuses de ces thématiques sont en lien avec la chimie et je suis persuadée qu’il faut continuer à innover et faire de la recherche dans ce domaine.

Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ? Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

Je suis ingénieure de recherche à IFP Energies Nouvelles dans l’équipe de catalyse hétérogène. Je travaille actuellement sur 2 thématiques bien distinctes mais toutes deux passionnantes et faisant écho à des enjeux actuels. La première, encore très exploratoire, est la photosynthèse artificielle. L’objectif est de convertir le CO2 en molécules valorisables, telles que des carburants solaires, par l’intermédiaire de l’énergie solaire.

La seconde concerne un sujet de recherche plus appliqué sur des catalyseurs à base de nanoparticules de palladium au service de la pétrochimie. Ce projet est directement en lien avec un des partenaires industriels de IFPEN, Axens.

La diversité des thématiques couvertes par les deux projets sur lesquels je travaille depuis maintenant 5 ans constitue un réel challenge ainsi qu’un sas agréable pour prendre du recul quand le travail de chercheur devient difficile (quel chercheur n’a jamais entendu cette question n’attendant jamais de réponse : Bon alors, à force de chercher, tu trouves ?). Je dirais que ma plus grande réussite dans mon domaine de recherche est les liens et collaborations que j’ai pu monter avec différentes équipes pour faire avancer les recherches que je mène.

Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

La recherche en chimie est passionnante car elle permet de faire avancer la science et plus généralement le monde d’aujourd’hui grâce à ses découvertes. Mais elle demande également patience et humilité. Aujourd’hui je souhaite toujours plus m’investir dans mon métier de chercheur, notamment pour poursuivre les travaux engagés sur mes thématiques de recherche actuelles et continuer à en apprendre davantage.

Dans quelles actions à caractère sociétal êtes-vous impliquée ? (diffusion des connaissances, mentorat, développement des relations science-société, promotion des femmes dans les sciences)

En 2018 j’ai reçu une des bourses France « pour les Femmes et la Science » de la Fondation l’Oréal et de l’UNESCO. L’accompagnement reçu suite à ce prix et les nombreuses interactions avec les 29 autres lauréates m’ont fait prendre conscience de l’importance d’avoir davantage de figures féminines dans les sciences. C’est ainsi que je suis aujourd’hui membre actif des associations Femmes & Sciences et Elles bougent ainsi que marraine lyonnaise du programme Pour les Filles et la Science porté par la Fondation l’Oréal.

Ponctuellement, je réponds à des sollicitations pour intervenir dans des collèges et des lycées, notamment lors d’évènement de mentoring pour essayer de créer des vocations en science chez des jeunes filles. Mon objectif : sensibiliser les plus jeunes au moment de leur scolarité pour réduire les idées reçues qui font des sciences et de la recherche un champ « trop difficile », « monotone », « élitiste », ou « réservé aux hommes ».

Quelle est la situation au plan de l’égalité F-H dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

Une carrière scientifique et un doctorat sont le fruit d’études longues et d’un manque de visibilité pour le futur, ce qui peut potentiellement effrayer une partie des femmes préférant alors se diriger vers d’autres domaines. Les chiffres montrent qu’actuellement seulement 28 % des chercheurs sont des femmes. Ce métier souffre malheureusement encore aujourd’hui d’une image parfois stéréotypée d’une personne isolée professionnellement, travaillant au fond de son laboratoire. Et c’est dès l’école que les jeunes filles s’éloignent des carrières scientifiques. Je pense que la parité doit être une préoccupation collective importante et que, pour changer les mentalités, il faudra passer par une mise en lumière au féminin. Je n’ai personnellement pas souffert d’être une femme durant mon cursus scientifique mais on a déjà tous entendu quelques mauvaises histoires à ce propos. Si une mise en avant des femmes est nécessaire pour faire bouger les choses et tendre vers un monde et une science plus diverses, plus mixtes, alors allons-y.

Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ?

J’ai récemment écouté un TED Talk de Reshma Saujani, fondatrice de l’organisation “Girls with code” dont les propos m’ont intéressée. Elle évoque notamment le point suivant : « We’re raising our girls to be perfect, and we’re raising our boys to be brave » et je suis convaincue que c’est l’une des raisons du manque de femmes dans les sciences. En effet, par une différence d’éducation, probablement inconsciente, pouvant provenir de la famille et du milieu scolaire, certaines filles manquent de confiance en elle dès le plus jeune âge, et peuvent parfois être amenées à s’autocensurer et à éviter les risques au fil des années. Ce manque de tolérance vis-à-vis des erreurs pousse les femmes à rêver à plus court terme et de façon plus pratique. J’aimerais enfin donner confiance aux jeunes filles, qu’elles soient courageuses comme les garçons à côté d’elles, et que nous, femmes en tête 2024, soyons le témoignage du fait que tout le monde peut aimer la recherche et les sciences et s’épanouir dans ces domaines

 

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