Femmes En Tête 2022 – Susanna Zimmermann

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Femmes En Tête 2022 – Susanna Zimmermann

Susanna Zimmermann

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2022 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

Susanna Zimmermann est Maîtresse de conférences en mathématiques à l’Université d’Angers, habilitée à diriger des recherches, Membre du Laboratoire angevin de recherche en mathématiques (LAREMA, UMR6093, CNRS & Université d’Angers). Elle est Spécialiste de géométrie algébrique et lauréate de la médaille de bronze du CNRS 2020.


Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant (parent, enseignant.e, personnage de la littérature, du cinéma…) ?

Je n’ai jamais eu de modèle inspirant, j’ai juste toujours eu un plaisir énorme quand je faisais de mathématiques. C’est pourquoi j’ai choisi les études de mathématiques et pourquoi j’ai décidé de me diriger vers la recherche. 

J’ai fait mon doctorat à l’Université de Bâle en 2016, puis un post-doc d’une année à l’Université de Toulouse III. Après cela, j’ai été recrutée à l’Université d’Angers où je viens de soutenir mon habilitation à diriger des recherches. 

Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ?

Je travaille en géométrie birationnelle. C’est un domaine des mathématiques pures. Les mathématiques pures sont intéressantes en elles-mêmes, mais elles nourrissent aussi les mathématiques appliquées avec de nouvelles idées, de nouveaux théorèmes. Sans les mathématiques appliquées, il n’y aurait pas de portables, de cryptographie moderne, d’imagerie médicale, de robots, …

Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

J’ai résolu, en collaboration avec Jérémy Blanc (Université de Bâle) et Stéphane Lamy (Université de Toulouse 3), une conjecture ouverte depuis au moins 127 années. Je travaille sur un groupe des symétries dites birationnelles. Pour une sphère ça veut dire des rotations, mais aussi des déformations ou encore de trouer la sphère et de refermer le trou en collant un ruban de Möbius à l’intérieur. On se demande si on peut rendre le groupe « plus simple », en identifiant des symétries d’une manière naturelle. Par exemple, si j’écris mes symétries en coordonnées, on peut les utiliser pour crypter du texte, et dans ce cas, plusieurs symétries pourraient donner le même résultat. Il est connu depuis 2013 que ce groupe de symétries peut être rendu « plus simple » dans le cas de la sphère, et nous, on a montré qu’on peut le faire aussi pour les sphères de dimension trois et plus grande.   

Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Ce mois-ci, je candidate aux postes de Professeur d’Université en France, et dans les années qui suivent je veux continuer à faire des mathématiques tranquillement. 

Je prépare également la deuxième édition des Lectures Sophie Kowalevski, avec mon collègue Nicolas Raymond. Il s’agit d’une masterclass à destination des étudiantes de première année de master en mathématiques, motivées et/ou curieuses. Elles sont toutefois ouvertes à toutes et à tous.  Deux cours, dispensés par deux chercheuses, sont proposés, l’un en Analyse/Probabilités et l’autre en Algèbre/Géométrie. Les participantes et participants peuvent suivre l’un et l’autre des deux cours, selon leurs souhaits. Un mentorat est proposé aux participantes qui le souhaitent et au moins 30 étudiantes pourront voir leurs frais de séjour et de transports pris en charge. Chaque participant peut faire une demande de soutien financier lors de son inscription, mais la priorité d’attribution va aux étudiantes. Cette année, les cours seront assurés par les chercheuses: Simona Rota-Nodari et Olga Paris-Romaskevich, et il y aura un exposé de grand publique donné par la chercheuse Catherine Goldstein. 

Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés (personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

Il y a des dispositifs (comme l’ERC) qui ont des traditions de sélection qui favorisent les hommes. Je ne sais pas quand ça aide d’être une femme, puisque par exemple les règles de parité sont appliquées aux tâches administratives, mais rarement aux dispositifs scientifiques. 

Quelle est la situation au plan de l’égalité Femmes-Hommes dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

Il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes en mathématiques, c’est plus grave en maths pures qu’en maths appliquées, et la différence devient de plus en plus grande tout au long de la carrière. Il y a des chercheurs.ses qui font un effort pour améliorer la visibilité des mathématiciennes. On pourrait aussi faire la chose suivante :  si on a plusieurs candidat.e.s à un poste/bourse/etc qui ont un niveau similaire, on donne la préférence aux candidates.  

Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ? 

Je préférerais parler aux hommes (jeunes ou pas) : il faut devenir conscient de ce qu’est l’abus verbal ou physique, et de la nécessité de le rapporter quand on le voit. Comme ça, deux filles dans une classe de trente garçons se voient moins pénalisées par le harcèlement (genre « tu sais comme il est, ignore ce qu’il a dit », mais si chacun fait un commentaire sans conséquences, la fille subit du harcèlement trente fois sans aucun soutien pour elle) et du coup elles peuvent continuer à avoir leur place dans les sciences. L’exclusion des femmes des sciences est soutenue par une culture de harcèlement non-perçu par les hommes. 


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