Femmes En Tête 2022 – Amélie Borie

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Femmes En Tête 2022 – Amélie Borie

Amelie Borie Femmes en tete

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2022 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

Amélie Borie, est docteure en Neurosciences, diplomée de l‘Institut de Génomique Fonctionnelle.


Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant (parent, enseignant.e, personnage de la littérature, du cinéma…) ?

J’ai toujours été intriguée par le cerveau. Comment un organe peut générer une pensée, des sentiments et faire de nous ce que nous sommes. Mon domaine d’étude, la neuro-endocrinologie, consiste à étudier comment les hormones agissent sur le cerveau. C’est quelque chose que nous expérimentons tous à l’adolescence ou de manière plus terre à terre, lorsque la faim change nos réactions. 

Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ?

Je travaille en biologie et j’ai étudié comment l’ocytocine, l’hormone de l’attachement, agit sur le cerveau pour réguler les comportements sociaux. Cette hormone à un fort potentiel thérapeutique dans le cadre de nombreuses pathologies (troubles du spectre autistiques, anxiété sociale, etc) mais on ne comprend pas encore son mode d’action et sans cela, il est difficile d’optimiser un traitement.

Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

Lors d’une étude réalisée à l’université d’Emory aux Etats Unis, j’ai pu montrer que la manière dont l’ocytocine agit sur le cerveau dépend de l’individu et de ses précédentes expériences. Ce résultat a été obtenu avec l’aide des différents membres de l’équipe dans laquelle j’ai travaillé et suggère qu’un potentiel traitement avec cette molécule ne serait pas adapté à tous et qu’une médecine plus personnalisée serait plus optimale.

Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Jusqu’ici, j’ai travaillé dans le domaine pré-clinique et j’ai étudié des mécanismes d’action dans le but de développer les traitements de demain. Depuis quelques mois, je suis passée du côté clinique de la recherche et j’utilise mon expérience pour participer au management de projets cliniques. Je compte continuer dans cette voie et aider ainsi de nouveaux médicaments à être mis sur le marché pour permettre d’améliorer la vie des malades.

Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés (personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

J’ai eu la chance de rencontrer des mentors qui ont cru en moi et m’ont soutenue. Malgré cela, le monde de la recherche est extrêmement compétitif et en particulier, le besoin d’être toujours productif peut entrer en conflit avec certains désirs (notamment celui d’avoir des enfants). Bien sûr, une mère (tout comme un père) peut continuer à être productif sans mettre de côté sa vie de famille mais cet a priori persiste.

Quelle est la situation au plan de l’égalité Femmes-Hommes dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

En pratique, en biologie, les femmes sont bien représentées. Néanmoins, plus on monte dans la hiérarchie, moins celles-ci sont présentes. Je pense qu’il est important de le noter afin que les instances qui décident de l’attribution des postes réalisent qu’il existe un biais de sélection car sans cela, aucun progrès n’est possible. Ensuite, il faudrait que les femmes (et les hommes) qui ont réussi tout en conservant une vie de famille en parlent, tout simplement, afin de montrer que cela est possible et afin d’éviter que les jeunes ne se créent de fausses barrières les empêchant de poursuivre une carrière dans ce domaine.

Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ? 

Je conseillerai aux jeunes filles qui s’engagent dans la recherche scientifique de ne pas oublier que le temps passé en dehors du laboratoire nourrit la créativité et que cela est nécessaire pour développer sa recherche. Mon expérience personnelle est ce qui m’a poussé à étudier comment l’ocytocine pouvait agir différemment sur les individus en fonction de leur expérience personnelle. De plus, j’ajouterai que les carrières scientifiques ne sont pas réservées aux hommes et les femmes qui s’y engagent réussissent tout aussi bien. C’est évident mais le rappeler ne fait aucun mal.


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