Editorial : « France needs a Chief Science Adviser »-

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Editorial : « France needs a Chief Science Adviser »-

Suite à la publication fin 2023, d’une note de synthèse et d’une tribune dans le Monde, proposant la création d’un dispositif de conseil scientifique du gouvernement afin d’éclairer les politiques publiques, la revue scientifique « Science » a invité Patrick Lemaire, président du Collège des sociétés savantes, et François Massol, membre du CA du Collège, à signer l’éditorial du numéro de cette semaine (voir pdf ci dessous).

L’éditorial part du constat que La France, malgré les enjeux environnementaux et sociaux majeurs auxquels elle est confrontée, poursuit des politiques à court terme favorisant un agenda politique immédiat et des intérêts industriels au détriment de l’adoption de politiques durables informées par l’état des connaissances scientifiques. Ainsi, malgré le discours de soutien à la recherche (technologique, principalement) du président Macron en décembre dernier, le gouvernement a fait dès février des coupes sévères dans le budget de la recherche (et d’autres investissements pour l’avenir comme la transition écologique ou l’éducation).

Cette schizophrénie apparente reflète le manque de compréhension de l’apport des sciences technologiques, de la nature ou humaines et sociales dans la résolution des problèmes sociétaux complexes auxquels nous sommes confrontés. Si l’innovation technologique est l’aspect des sciences régulièrement mis en avant par les politiques, ils sous-estiment l’apport des connaissances scientifiques à éclairage de l’action publique (« Science for policymaking » en anglais). L’éditorial cite ainsi deux exemples récents de décisions politiques prises dans l’ignorance ou au mépris des travaux scientifiques: la loi immigration de décembre 2023 et les mesures annoncées en février pour calmer les manifestations paysannes.

Pour mieux intégrer les connaissances scientifiques et technologiques dans l’élaboration des politiques publiques, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle Zélande et d’autres pays du Commonwealth ont choisi de nommer un conseiller scientifique en chef à haute visibilité auprès de leur président ou de leur gouvernement. Ce ou cette scientifique à temps plein, agissant seul·e ou en tant que porte-parole d’un ou de plusieurs conseils, fournit des conseils au plus haut niveau du gouvernement et favorise un dialogue productif entre le public, les scientifiques et le gouvernement. Afin de garantir l’indépendance de ses avis à l’égard de toute ingérence politique, il ou elle fournit des avis aux dirigeants mais ne participe pas à la prise de décision, qui revient aux responsables politiques.

L’éditorial présente, pour une audience nationale et internationale, la proposition du Collège des sociétés savantes académiques françaises de créer un·e conseiller·e scientifique en chef à temps plein, chargé·e de quatre missions principales :

  • familiariser les décideurs politiques avec les consensus et les méthodes scientifiques ;
  • renforcer la capacité des administrations à mettre en œuvre des politiques informées par les sciences ;
  • lutter contre la désinformation par l’éducation du public ;
  • représenter la France dans les forums scientifiques internationaux axés sur les grands défis mondiaux.

Ce·tte scientifique à plein temps s’appuierait sur les avis d’un conseil scientifique interdisciplinaire au sein d’une Autorité Administrative Indépendante ayant des prérogatives semblables à l’Office for Science du gouvernement britannique. La mise en place de ce dispositif permettrait également de rationaliser et de coordonner le paysage actuellement très fragmenté des structures de conseils scientifiques français.

 

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