Femmes En Tête 2025 – Jacqueline Etay

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Femmes En Tête 2025 – Jacqueline Etay

Chercheure CNRS – section 10. En retraite

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous présentons toute la semaine du 8 mars 2025 une série de portraits de femmes remarquables mises en avant par les sociétés savantes membres et associées du Collège des Sociétés Savantes Académiques de France.

·      Qu’est-ce qui a motivé votre choix de domaine d’études et de recherche ? Aviez-vous un modèle inspirant (parent, enseignant.e, personnage de la littérature, du cinéma…) ?

Je suis née dans les années 1950 à St Etienne. L’économie de cette ville était portée par les mines et la métallurgie, alors, toutes deux, sur le déclin. Dans cet environnement, les sciences et les techniques étaient vécues comme très positive

·      Sur quel sujet travaillez-vous ? En quoi est-il important pour la science ? pour la société ? Quelle est votre plus grande réussite dans votre domaine ?

Je suis à la retraite. J’ai travaillé en qualité de chercheure CNRS sur les écoulements en présence de champs magnétiques. Ce sont des problèmes dans lesquels les couplages de champs sont nombreux et les phénomènes fortement dépendants les uns des autres. Ma spécialité était le contrôle des interfaces en mouvement ou non, forme, transferts de masse et de chaleur, changement de phase.

Dans ce domaine les applications sont nombreuses et vont de la métallurgie au retraitement des déchets radioactifs en passant par la propulsion de sous-marins.

J’ai beaucoup aimé travailler avec des chercheurs de l’industrie en France et à l’étranger, entre autres sur la lévitation électromagnétique ou le contrôle par champs magnétiques de tête de coulée continue de brame.

·      Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois, les prochaines années ?

Je suis à la retraite depuis 2017.

·      Dans quelles actions à caractère sociétal êtes-vous impliquée ? (diffusion des connaissances, mentorat, développement des relations science-société, promotion des femmes dans les sciences)

Depuis 2016, je me suis consacrée à rendre visibles les femmes en sciences et à inciter les jeunes filles à choisir une profession scientifique ou technique. De 2016 à 2019, j’ai été présidente de l’association Parité Sciences, déclinaison grenobloise de Femmes et Sciences et élue au CA de cette dernière.

  • Au niveau local (grenoblois)
    • j’ai fait de nombreuses interventions dans les collèges et lycées, une visio-conférence à l’Université, une table ronde pour la maison de l’égalité femmes-hommes de la Métropole.
    • j’ai organisé le colloque Femmes et Sciences 2019, intitulé “Un rêve pour les filles et les garçons : LA SCIENCE”, colloque accompagné d’une itinérance de l’exposition “Infinités Plurielles, des femmes vous parlent de sciences”,
    • j’ai suivi la mise en place du volet grenoblois de la Science taille XX elles”, dont j’assure encore le management au quotidien.
    • Au niveau national
  • au sein de l’association Femmes et Sciences, j’ai fortement contribué à mettre en place un questionnaire sur la période Covid dont j’ai assuré l’exploitation et la diffusion.
    • au sein de l’Association Française de Mécanique (création et animation d’une commission “Place des femmes en Mécanique”, de séances plénières au Congrès Française de Mécanique)..

·      Avez-vous rencontré dans votre activité des difficultés (personnelles/sociales/structurelles) dues au fait d’être une femme ? ou au contraire, cela vous a-t-il parfois aidée ?

Pour une femme de ma génération, le fait d’avoir été une femme a été pénalisant professionnellement, notre très faible nombre, faisant de nous des êtres un peu à part, nous pénalisant de fait.

·      Quelle est la situation au plan de l’égalité F-H dans votre domaine ? Quelles sont vos suggestions pour que la situation puisse s’améliorer plus rapidement ?

La mécanique est un domaine où au CNRS, il y a 23 % de chercheures, à l’Université 20 % enseignantes-chercheures, dans l’industrie, 17,5% de chercheures. Les femmes sont donc toujours très minoritaires. Lorsqu’on analyse les chiffres, on voit

  • qu’entre 2013 et 2021, les entreprises et notamment celles de la Mécanique ont féminisé leurs corps de chercheur-es.
    • qu’au CNRS (resp à l’université) un réel effort a été réalisé entre 2019 et 2022 pour féminiser le corps des Directeur-es de Recherche (resp. des Professeur-es) les pourcentages Chargé-es de Recherche et Maitres de Conférence restant stables.

J’en déduis que les progrès en parité Femmes-Hommes en mécanique ne peuvent pas être rapides, notamment à cause de l’absence de vivier. L’effort doit porter sur la formation aux sciences et aux techniques et donc avant toutes sur la formation des enseignant-es du primaire dans ces matières.

·      Quel message pouvez-vous donner aux jeunes filles pour les encourager à s’engager dans un parcours comme le vôtre ?

Je pense que c’est une chance pour une femme de vivre dans une société où, selon la loi, les droits des femmes sont les mêmes que ceux des hommes. Ces droits ne peuvent pas devenir effectifs si on ne cherche pas à les faire vivre, à les pousser à leurs limites. Devenir ingénieure, puis chercheure, est une voie possible qui, à mon avis mérite d’être explorée, car elle mène à des questionnements variés ancrés dans le présent et parfois, étant donnée la très bonne qualité des outils de compréhension assimilés, à des réponses adaptées et pertinentes. Ce type de dynamique alimente et enrichit une vie.

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